
Comme tout le monde (ou presque), j'ai lancé Secrets We Keep un soir un peu au hasard, attiré par le buzz Netflix. Et comme beaucoup, c'est à l’épisode 4 que tout a basculé. Pas seulement pour l'intrigue, mais pour moi, en tant que spectateur. Cet épisode, c'est le moment où la série cesse d'être un simple drame à secrets pour devenir un thriller social glaçant et terriblement actuel.
Attention, spoilers légers (mais nécessaires).
Je ne vais pas vous spoiler toute l'intrigue, mais on est obligés de dire ce qu'il se passe dans les grandes lignes pour comprendre l'impact.
Jusque-là, l'histoire suivait une communauté apparemment parfaite d'expatriés vivant au Danemark, dont la vie tranquille est perturbée par la disparition de Ruby, une jeune fille au pair philippine. Le mystère plane, les faux-semblants s'accumulent, on sent que tout le monde a quelque chose à cacher.
Mais à l'épisode 4, la série passe à un tout autre niveau.
Dans cet épisode, le corps de Ruby est retrouvé dans une marina. L'autopsie révèle qu'elle était enceinte de plusieurs semaines. Un choc pour tout le monde, y compris pour nous, spectateurs, qui pressentions déjà qu’il y avait quelque chose de plus sombre. Mais là, tout devient plus concret, plus dérangeant.
La police envisage un suicide. Mais l'enquêtrice, Aicha Petersen, n'y croit pas. Et nous non plus. Ruby était croyante, déterminée, et surtout... elle avait laissé des signes. Elle avait confié au pasteur local qu'elle pensait avoir été violée, et qu'elle attendait un enfant. Il lui avait conseillé de parler au père. Comprenez : à son agresseur.
C'est à ce moment que la série révèle son vrai propos.
Ce que Secrets We Keep fait à partir de cet épisode, c'est d'attaquer frontalement les privilèges, le racisme structurel et les silences complices. Tout ce qu'on avait pris pour un "drame bien ficelé" devient un cri d'alerte sur les abus de pouvoir, les inégalités sociales, les agressions passées sous silence, surtout quand elles touchent les plus invisibles.
Ruby n'était pas qu'un personnage secondaire. Elle devient le cœur de l'histoire, celle autour de laquelle gravitent les contradictions, les hypocrisies et les lâchetés de cette communauté si "propre sur elle".

La série change de ton. On ne regarde plus les personnages de la même façon. On commence à se demander : qui savait ? Qui a couvert ? Qui a profité ? Et surtout : est-ce que justice sera rendue, ou est-ce que tout sera encore enterré, au propre comme au figuré ?
C'est brillant, c'est dérangeant, et c'est là que Secrets We Keep mérite vraiment sa place de n°1 sur Netflix. Pas pour son côté thriller, mais pour ce qu'elle raconte du monde réel, et la manière dont elle nous y confronte sans prévenir.
- A quoi je m'attendais : un bon thriller à mystère
- Ce que j'ai finalement eu : un choc émotionnel, social et politique
- Ce que je me suis dit après : "Et si ça, c'était réel ?"