Il y a des films si mauvais qu'ils en deviennent sympathiques. C'est d'ailleurs la définition-même du nanar, si l'on en croit le site de référence historique dans le domaine, Nanarland. Une catégorie pas si facile à intégrer : la frontière entre ennui abyssal et nullité géniale est très, très mince. Heureusement, c'est à cette seconde catégorie qu'appartient le film dont il est question ici : si ridicule qu'il en est devenu culte.
L'oeuvre en question est américaine, mais réalisée par un Français : il s'agit du Catwoman de Pitof (à qui l'on doit aussi Vidocq), à (re)voir ce 15 juin à 21h05 sur TF1 Séries Films. Ce "comic book movie" du début des années 2000 (à l'instar de Spider-Man, X Men, Daredevil) a su largement se démarquer des autres... En récoltant aussi bien les foudres de la critique que du public.
1,3 sur Allociné (avec plus de 8 000 votes), 8 % sur RottenTomatoes, une chronique sur Nanarland (on y revient), un déficit estimé à près de 20 millions de dollars - pour un budget de 100 - au box-office mondial - ce que l'on appelle plus communément un "flop" ou un "four"... Un beau bingo donc.
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Mais en réécrivant l'un des personnages féminins les plus badass de DC Comics (une féline en tenue BDSM qui fait la misère à Batman, son fouet en mains), Catwoman a su, quelque part, marquer l'histoire. Et ce, grâce à l'autodérision féroce de sa star, la grande Halle Berry...
Le film Catwoman est resté dans les annales... A sa manière. A savoir ? En remportant les plus prestigieuses statuettes des Oscars du pire : les Razzie Awards. Pire film, pire réalisateur, pire scénario. Sans oublier : pire actrice. Et c'est là que le projet atteint une autre dimension. Deux ans après avoir remporté l'Oscar de la meilleure actrice pour A l'ombre de la haine, Halle Berry se voit sacrée poison de la profession. Mais, surprise : elle en rit.
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La star s'en amuse tant d'ailleurs que, chose rare dans l'histoire d'un événement qui existe depuis plus de quarante ans, elle vient carrément chercher sa statuette en personne. Face à une assistance médusée, Halle Berry délivre alors le meilleur discours possible : "Merci beaucoup ! Jamais dans ma vie je n'aurais pensé me retrouver là. Ce n'est pas comme si j'y avais aspiré... J'ai tellement de monde à remercier... Warner Bros en premier : merci de m'avoir mise dans un film de merde ! C'est exactement ce dont j'avais besoin".
"J'étais au sommet et Catwoman m'a fait chuter tout en bas. Je veux aussi remercier mon manager Vincent Cirrincione, qui m'aime tellement qu'il parvient à me convaincre de faire des projets de merde, et lui donner un conseil : la prochaine fois qu'on me propose un rôle – si j'ai cette chance – peut-être devrais-tu lire le scénario avant de regarder le nombre de zéros derrière le 1 sur le contrat. Je veux enfin remercier les autres acteurs. Pour donner une aussi mauvaise performance, il fallait que mes partenaires soient tout aussi nuls".
Un jeu de massacre à prendre au second degré : l'actrice Oscarisée en profite pour tacler les mauvaises productions hollywoodiennes, loin d'être rares, l'immense bazar qu'elles représentent parfois (à propos de Pitof, elle affirme : "je ne comprenais rien à ce que disait ce Français") la vénalité des agents de stars, mais aussi, la prétention de ces dernières. A l'inverse, l'actrice le dit : "je prends ces critiques comme une leçon".
Très classe, très drôle, et aussi légendaire que le film dont il est question...
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