Par Clément Arbrun Journaliste société
Journaliste spé Société et Pop Culture, Clément s'intéresse autant aux punchlines de Virginie Despentes qu'à celles de Megan Thee Stallion, aux perruques de Bilal Hassani qu'aux blagues de Panayotis Pascot. Il aiguise principalement sa plume en papotant féminismes, genre et fashion, ce qui lui permet de parler d'Harry Styles, des gens pas toujours fréquentables qui emploient le mot "woke" sur Twitter et des dernières prods Netflix. Malin.
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Roland-Garros, ce n'est pas juste des coups de raquette prodigieux, des plans-caméra aléatoires dans le public (à la quête d'une star) ou le rythme hypnotique des échanges de balles le dimanche aprem. Non, sous le vernis, la réalité est bien moins idyllique.

On a du mal à croire qu'on puisse éprouver autre chose que de l'intérêt bienveillant (ou un brin de tension pour les plus investis émotionnellement) en regardant les matches de Roland-Garros et ses champions/championnes aux coups de raquette ciselés. Et pourtant. Le milieu sportif, et plus précisément le tennis, n'échappe pas aux fléaux qui recouvrent la société en général.

On l'observe dans d'autres domaines athlétiques d'ailleurs, en considérant les nombreuses enquêtes #MeToo hyper accablantes qui ont pu exploser dans la presse ces dernières années par exemple. Mais c'est aussi une forme de violence plus insidieuse encore qu'il faut prendre en compte : le cyberharcèlement. Des sportifs, et des sportives, en sont largement victimes. Et n'hésitent pas à dénoncer la chose.

C'est par exemple le cas d'Alizé Cornet, qui a pu en témoigner. La pro dit les termes : "Ce sont des propos de haine, des insultes, des menaces de mort, beaucoup de : 'arrête le tennis'... À mon âge, j'ai peut-être un peu plus de recul là-dessus. À 20 ans, je ne l'aurais pas vécu de la même manière". Et elle n'est pas la seule.

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"Je vais te retrouver, je vais te tuer"

Dans les pages de franceinfo, plusieurs sportives dévoilent une violence tout aussi abjecte. Comme la jeune tenniswoman pro Alice Tubello, 22 ans, qui raconte : "Ça peut être tout, ce sont des tas d'insultes, sur mes parents. Parfois, ça peut être flippant et ce n'est pas agréable. Ce sont des menaces aussi".

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Quel genre de menaces au juste ? Alice Tubello précise : "...'Je vais te retrouver, je vais te tuer'". Des menaces de mort pures et dures donc. Pour de simples matchs de tennis, oui oui. Quand bien même, on se demande quel genre de situations pourrait au juste donner du sens à ce genre de phrases virulentes.

Sur le site de franceinfo toujours, ce témoignage tout aussi glaçant d'Elsa Jacquemot, 175e joueuse mondiale : "Mes premiers messages, je les ai reçus à l'âge de 15 ans. On me dit : 'on va te tuer, on sait que tu as un frère'. C'est violent et ça a évidemment un impact". Toujours et encore, des menaces de mort...

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Logiquement, les sportives craignent pour leur santé, et surtout pour leur sécurité. Et elle exigent des actes concrets et immédiats. Et justement, des mesures ont été prises par la Fédération française de tennis : la mise à disposition gratuite d'applications permettant de filtrer les messages les plus haineux qui inondent les réseaux sociaux à chaque compétition. De les prendre en compte et de les supprimer.

C'est par exemple le concept d'apps pour smartphone comme "Bodyguard". Une mesure suffisante pour préserver la santé mentale et l'intégrité des tenniswomen et tennismen ? A toi de juger...