Festival de Cannes : féminisme, faux sang, Ukraine... C'est quoi ce happening choc qui est venu secouer la Croisette ?

C'est ce qui s'appelle susciter l'attention. Lors de cette nouvelle édition du Festival de Cannes, une femme arborant une robe aux couleurs de l'Ukraine s'est incrustée en plein tapis rouge... Avant de s'inonder le corps de faux sang. Ambiance. Un événement qui a bousculé les festivaliers juste avant la projo du film Acide de Just Philippot.

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Vu le titre dudit film, on se dit que cette jeune femme qui a logiquement cristallisé l'attention des photographes a bien choisi son moment. "Acide", cet happening l'est : se la jouer Carrie au bal du diable en crevant des poches de faux sang au-dessus de sa tête, ce n'est pas anodin. C'est une manière de protester contre la guerre en Ukraine, et de rappeler sur une scène plutôt gentiment bourgeoise et hors-sol la réalité du monde extérieur.

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Radical ? Peut être, mais efficace...

La preuve ? Cette démonstration a engendré les réactions immédiates de la sécurité, venue arrêter la protestante. Mais aussi, du public, pas forcément tendre du côté de LCI notamment - on vous épargne les insultes et les noms d'oiseaux misogynes. Cette protestation est pourtant totalement dans le "mood" de cette édition.

Le premier jour du festival, Catherine Deneuve avait effectivement cité les mots de la poétesse ukrainienne Lessia Oukraïnka, comme un appel à la paix et à la solidarité : "Je n'ai plus ni bonheur ni liberté / Une seule espérance m'est restée : Revenir un jour dans ma belle Ukraine". En conférence de presse, le grand Martin Scorsese s'est quant à lui aussi dit "très angoissé" à propos de la guerre en Ukraine... LE sujet de cette édition, de nouveau ?

Cet happening est marquant, mais pas si étonnant en fait. Le 20 mai 2022, des manifestantes avaient elle aussi exprimé leur colère contre la guerre en Ukraine lors de la montée des marches du film Three Thousand Years of Longing. Elles s'étaient mises en scène à l'instar des Femen, ce mouvement féministe justement né en Ukraine en 2008 : dénudés face à l'objectif des photographes, leurs corps étaient marqués d'inscriptions fortes, comme "Stop Raping Us" : "Arrêtez de nous violer". Une allusion aux crimes de guerre commis par les soldats russes... Car en temps de conflit, le viol est une arme, et les femmes, ses premières victimes.

Si tu suis un peu l'histoire du Festival de Cannes, tu sais que la politique s'invite toujours sur le tapis rouge. Pas plus mal quand il s'agit de bousculer quelque peu le glam', les défilés de mode et les flûtes de champagne. L'an dernier par exemple, c'est la cause féministe qui était venue rappeler son existence au sein d'un événement indissociable d'un monde, celui du cinéma, un peu trop conciliant avec les violences sexistes et sexuelles. Des manifestantes avaient effectivement déroulé la liste des victimes de féminicides en France...

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Bon, quand on voit la présentation du dernier film de Maïwenn lors de cette nouvelle édition, et la standing ovation réservée à Johnny Depp, on se dit que ces protestations n'ont certainement pas fini de s'incruster sur la Croisette. Et de nous faire réfléchir au-delà du strass et des paillettes.