

Alors que les critiques à l'encontre d'Elon Musk, qui n'avait déjà pas hésité à s'en prendre publiquement à Peter Navarro, conseiller commercial de Donald Trump, et de sa gestion de DOGE prédisent déjà la fin de son aventure politique, le milliardaire a trouvé le temps de se séparer de plusieurs fonctionnaires de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), l'agence américaine chargée de la sécurité routière.
Ce sont précisément les mêmes experts qui doivent veiller à ce que Tesla respecte les normes en vigueur pour le déploiement de ses voitures autonomes, selon le Financial Times.
En février 2025, DOGE a ordonné des licenciements massifs au sein de la NHTSA. Ces coupes ont touché 4 % des 800 employés de l'agence, y compris plusieurs ingénieurs spécialisés de la division en charge de la sécurité des véhicules automatisés.
Parmi les personnes licenciées, on retrouve trois des sept experts dédiés exclusivement à la rédaction des réglementations que devront suivre les Cybercabs et autres véhicules Tesla équipés de systèmes de conduite autonome.
Actuellement, la NHTSA mène huit enquêtes ouvertes visant Tesla, dont plusieurs concernent son système de conduite autonome Full Self-Driving (FSD). D'après The Verge, ces enquêtes mènent régulièrement à des rappels de véhicules ou à des mises à jour logicielles visant à corriger des anomalies.
L'un des employés licenciés a déclaré au Financial Times que ces licenciements "affaibliraient la capacité de la NHTSA à comprendre les technologies de conduite autonome. Cette division devrait être en première ligne pour gérer l'essor des véhicules autonomes et définir les futures normes". Un autre ancien fonctionnaire de la NHTSA ajoutait même : "Ce serait ironique que DOGE finisse par freiner le développement de Tesla".
Tesla prévoit de lancer une flotte de robotaxis à Austin dès cet été, et d'entamer la production du modèle Cybercab dès l'année prochaine. Ces véhicules, sans volant ni pédales, nécessitent des autorisations réglementaires spécifiques comme celles du programme AV STEP, supervisé par la NHTSA. Or, si l'agence manque de personnel, elle pourrait ne pas être en mesure d'élaborer cette réglementation à temps.
"Permettre à DOGE de licencier les membres de la division des véhicules autonomes est une folie. On devrait au contraire pousser pour recruter davantage de personnel à la NHTSA. Il faut construire un cadre national pour les véhicules autonomes. Sinon, Tesla n'aura aucune chance de déployer sa technologie FSD ni ses robotaxis", a déclaré un cadre de Tesla au média américain.
Le robotaxi est au cœur de la stratégie de développement de Tesla. Elon Musk, qui a dernièrement réussi à gagner beaucoup d'argent après en avoir perdu des milliards, mise sur ce concept comme une solution économique et durable pour la mobilité urbaine. Selon lui, ces véhicules pourraient drastiquement réduire les coûts d'exploitation en éliminant le besoin de conducteurs humains.
Cette orientation stratégique vise à positionner Tesla en leader du secteur, face à des concurrents comme Waymo (Alphabet) et Zoox (Amazon), qui ont déjà des flottes autonomes en circulation dans des villes comme San Francisco.
Ce n'est pas la première fois que des soupçons de conflit d'intérêts entourent Elon Musk, notamment concernant ses décisions de réduire les effectifs d'agences gouvernementales régulant ses entreprises. Les premières accusations ont surgi lorsque DOGE a coupé les ressources de la Federal Aviation Administration (FAA) et de la Federal Communications Commission (FCC), deux agences supervisant respectivement les activités de SpaceX et Starlink.
Des accusations similaires ont été formulées après les licenciements au sein de l'Inspection du Travail américaine, survenus au moment où une enquête était en cours concernant la mort d'un ouvrier dans une usine Tesla. Selon The Guardian, plusieurs sénateurs démocrates ont déjà déposé un projet de loi visant à enquêter sur un éventuel conflit d'intérêts lié au rôle d'Elon Musk à la tête de DOGE.