

Keanu Reeves garde un œil sur la technologie des deepfakes - c’est-à-dire des images ou vidéos manipulées par des outils utilisant l'intelligence artificielle. Dans une interview accordée à Wired, la star des sagas Matrix et John Wick, qui ne devrait pas avoir droit à un cinquième volet, a critiqué la manière dont cette technologie est arrivée à Hollywood et a confirmé qu'il existe une clause dans chacun de ses contrats cinématographiques interdisant aux studios de manipuler numériquement son image avec ces effets visuels.
L'acteur a précisé que le moment où sa vision de la post-production avec CGI a changé lorsqu'il a découvert qu'une larme avait été ajoutée de manière artificielle sur son visage : "Ça ne me gêne pas si on supprime un clignement d’œil au montage. Mais au début des années 2000, ou fin des années 1990, on a modifié l’une de mes performances. Ils ont ajouté une larme sur mon visage, et j'étais surpris. C’est comme si ma présence était inutile. Ce qui est frustrant, c’est que vous perdez votre capacité d’action".
"Lorsque vous livrez une performance dans un long-métrage, vous savez que ça va être monté, mais vous y participez. Si vous utilisez le deepfake, votre point de vue n’existe plus. C'est terrifiant. Il sera intéressant de voir comment les humains vont gérer ces technologies. Cela a tellement d'impacts culturels et sociologiques, et l'espèce humaine est en train d'être étudiée. Il y a tellement de 'données' sur le comportement aujourd'hui. Les technologies s'immiscent dans notre éducation, notre médecine, notre divertissement, notre politique, la manière dont nous menons des guerres et la façon dont nous travaillons", a-t-il déclaré.
L'acteur a également raconté qu'une conversation à propos de Matrix avec un garçon de 15 ans l'avait inquiété. Lorsqu'il a expliqué à l'ado que son personnage, Neo, lutte pour ce qui est réel, le garçon a ri et a répondu : "On s'en fiche que ce soit réel".
"Les gens grandissent désormais avec ces outils. Nous écoutons de la musique faite par une intelligence artificielle dans le style de Nirvana, il y a l’art en NFT. On se dit : 'Regardez ce que ces adorables machines sont capables de faire'. Mais il y a un pouvoir corporatiste derrière qui cherche à contrôler ces choses. Culturellement, socialement, nous allons nous retrouver confrontés à la valeur du réel, ou à son absence de valeur", a expliqué l'acteur.
"Alors, qu'est-ce qu'ils vont nous imposer ? Qu'est-ce qu'ils vont nous présenter ? Ce monde sensoriel. C'est un spectacle. Et c'est un système terrifiant de contrôle et de manipulation. Nous sommes à genoux, regardant les murs de la caverne et voyant les projections, sans avoir la chance de regarder en arrière. Ni sur les côtés", a déclaré la star, en se souvenant de l'allégorie de la caverne de Platon.
"C'est aussi fascinant", a poursuivi Keanu Reeves, avant de conclure : "pour nous, les animaux de la planète. On dirait que nous nous demandons : Comment vaincre la mort ? Comment changer le climat ? Comment remplacer la nature ?".
Article écrit en collaboration avec nos collègues de Adorocinema.