2025 est l'année d'Astérix et Obélix. Tandis que les Gaulois ont eu le droit à leur propre série d'animation sur Netflix au printemps dernier, les voilà prêts à retrouver nos bibliothèques. Ce jeudi 23 octobre, c'est en effet Astérix en Lusitanie - le 41ème tome de la saga, qui débarque dans toutes les librairies.
Une nouvelle histoire écrite par Fabcaro et dessinée par Didier Conrad présentée comme l'un des événements de l'année dans le monde de la BD. Au programme ? Un tirage de près de 5 millions d'exemplaires (il y en aura donc pour tout le monde) et une traduction simultanée en 19 langues et dialectes.
Mais alors que ce nouveau voyage de notre duo préféré est déjà célébré par la presse et les premiers lecteurs, grâce notamment à son humour mordant et ses jolis paysages, c'est pour une idée créative bien précise que cet album devrait principalement faire parler au sein de la communauté.
Pour la première fois depuis sa première apparition en 1964 dans le quatrième album, Astérix gladiateur, Baba se défait de son tic de langage particulièrement raciste au regard d'aujourd'hui. Souvenez-vous, depuis ses débuts dans les planches d'Uderzo et Goscinny, la Vigie noire de Barbe-Rouge était caricaturée par un problème d'élocution avec l'absence de "R" dans ses phrases.
Une façon de parler jugée déplacée qui, 61 ans après, a donc officiellement disparu. Interrogé par le Nouvel Obs sur cette (r)évolution, "Y a-t-il une volonté de correction de ce qui a été fait dans les albums d'Astérix auparavant ?", Fabcaro s'est expliqué sur ce changement très attendu.
"Je ne me permettrai pas de corriger mes grands maîtres. Cependant, les temps ont changé, on n'a plus le droit de faire du Michel Leeb, heureusement", a-t-il simplement rappelé. Aussi, afin de réhabiliter ce personnage adoré, il a eu l'idée d'une simple case qui change tout. "J'ai voulu régler le problème en une case. Je lui fais dire un texte avec un 'R' et les autres personnages réagissent simplement de cette manière : 'Il prononce les "R" lui maintenant ?' On passe à autre chose."
Et si la décision de changer quelque chose instauré par les papas de la BD, désormais décédés, n'a peut-être pas été facile à prendre, l'auteur l'assume au regard de ce qu'elle libère.
"Jusqu'à récemment, on s'interdisait d'utiliser Baba parce que des pays ne voulaient plus le cautionner, a expliqué le compère de Conrad. Je comprends, mais je trouvais dommage de se priver de ce personnage génial."
De fait, même s'il a conscience qu'à l'ère de la post-vérité, où les avancées sont accusées de Wokisme comme s'il s'agissait d'une maladie, certains lecteurs se plaindront, Fabcaro est heureux d'avoir pris cette direction.
© Gaumont, Dargaud Films, Gutenberghus
Après avoir très justement rappelé, "L'humour évolue. Il faut savoir le faire évoluer", l'auteur n'a pas caché son bonheur de pouvoir remettre Baba sur le devant de la scène.
"Il ne faut pas dire : 'Ça, on ne s'en sert plus, on va le mettre au placard, on ne va plus le toucher.' J'ai voulu évacuer ça, non pas de manière anecdotique mais en le soulignant."
Par ailleurs, afin d'évacuer tout malaise, Fabcaro a refusé d'accuser ses prédécesseurs de quoi que ce soit. "À l'époque de Goscinny et Uderzo, c'était bienveillant. C'était zéro racisme, s'est-il exclamé. C'étaient des codes graphiques."

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