My Hero Academia est terminé. C'est ce samedi 13 décembre 2025 que l'anime a pris fin sur Crunchyroll au terme de l'épisode 11 de la saison 8. La fin d'une aventure incroyable, à laquelle le comédien Bastien Bourlé a eu la chance de participer. C'est en effet lui qui incarne avec brio le jeune Izuku depuis la saison 1. Et à l'occasion de cette conclusion, Purebreak a eu la chance de rencontrer l'acteur afin de parler de son expérience sur cette série et d'un métier qui n'a jamais autant passionné le public.
Pour découvrir la partie 1 et son avis sur Izuku, un personnage qu'il ne comprend pas toujours, ça se passe avec le lien ci-dessous.
En japonais, ça ne colle pas toujours avec l'image
Depuis le début de la diffusion au Japon et sur Crunchyroll, la saison 8 de My Hero Academia apparaît comme la mieux notée avec des épisodes classés parmi les meilleurs de l'histoire des anime. Vous y prêtez attention au moment d'entrer en doublage ? Ça ajoute une pression particulière ?
Non, je n'y prête pas attention. Je ne regarde pas ce qui se dit, parce que ça n'impacte pas ou ça n'a pas à impacter ce que je fais. Dans le sens où, quoi qu'il arrive, je suis censé faire au mieux à chaque épisode et à chaque saison, et suivre ce qui se passe à l'image. Peu importe si les gens aiment ou pas. Je ne vais pas me dire 'Put*in, ils n'aiment pas, donc peut-être que je m'implique moins, vu que de toute façon ça va être moins regardé, moins apprécié.' Ce n'est pas la question. L'implication doit être la même, quoi qu'il arrive. Je t'avoue que je ne fais pas du tout attention à ça.
En tant que comédien, c'est important de pouvoir s'identifier au personnage que l'on incarne pour pouvoir le jouer au mieux ?
Je ne pense pas que ce soit important. C'est un avantage, ça aide forcément, parce que c'est plus facile de se rapprocher du personnage et d'aller jouer ce que tu dois jouer. Maintenant, en tant que comédien, on est censé pouvoir, théoriquement, tout jouer avec nos propres capacités et nos différentes affinités. Avec le doublage, on a la chance d'avoir un support qui n'est pas que visuel, qui est aussi audio, puisqu'on a quand même la version originale qui est doublée et qui est un support de jeu sur lequel on s'appuie quoi qu'il arrive. Donc de toute manière, on a déjà une aide, on a déjà une béquille qui est le jeu original. Donc on va s'appuyer sur ça, on a l'image qui nous aide en plus et qui fait aussi qu'on peut modifier ou altérer ce qui a été fait en VO.
Ça arrive en japonais que ça ne colle pas toujours, vu que c'est fait à la feuille [les comédiens japonais enregistrent les voix sans les images, ndlr], c'est fait séparément. Et ça ne s'adapte pas toujours comme il faut, que ce soit en termes de mouvement de bouche ou d'intention à l'image. Il peut arriver qu'un personnage soit en train de gueuler visuellement mais qu'à l'audio, ce soit très calme ou inversement. Donc on adapte aussi, puisqu'on a l'image, nous, au moment où on travaille.
Donc quoi qu'il arrive, je n'aurais pas besoin d'avoir une affinité avec le personnage, de l'apprécier. En plus on a quelqu'un qui nous explique la situation au cas où ça nous échapperait. Elle nous dit ce qui s'est passé un peu avant, potentiellement ce qui va se passer après pour donner une image plus globale. C'est vrai que quand on double, on ne voit que ce que notre personnage vit. Donc c'est un peu un puzzle. Mais je ne pense pas que ce soit important. Je pense que c'est une aide, clairement, c'est un atout supplémentaire. Mais on a d'autres choses sur lesquelles on peut s'appuyer pour vraiment jouer la situation, le personnage et ce qu'on a à jouer.
© Crunchyroll
Si on devait jouer exactement comme jouent les Japonais, ce serait mauvais
Vous l'avez dit, il y a deux doublages vraiment différents puisque les Japonais n'ont pas encore les images quand ils doublent. Ca ne serait pas un argument pour convaincre ceux qui préfèrent encore la VO de donner une chance à la VF afin de voir les différences que ça apporte ?
C'est bien que tu dises 'Donner une chance'. On aime ce qu'on a envie d'aimer. Ça ne pose absolument aucun problème que quelqu'un préfère la VO, parce que de toute façon, c'est une question de goût personnel. Et bien entendu, la version japonaise reste la version originale, c'est le jeu original tel qu'il a été voulu avec la culture, avec la langue qui fait que c'est parfaitement adapté pour. Nous, on fait quelque chose de différent à la française, qui dénature obligatoirement la version originale. Ce n'est pas négatif de dire ça, mais c'est obligatoire. C'est une adaptation.
Maintenant, de laisser sa chance... Effectivement, c'est très différent, parce que j'ai même appris plus en détail comment ça fonctionnait au Japon. Du fait qu'ils aient les feuilles bien en avance, qu'ils peuvent travailler ça, répéter chez eux pendant plusieurs jours, qu'ils se retrouvent tous en même temps à jouer ensemble, à se donner la réplique. Donc c'est très différent. Nous, on découvre sur place, on ne répète rien, on n'a pas de texte et on enregistre à la volée. Donc il y a une instantanéité où on a l'obligation de se retrouver dans la situation, dans l'émotion très vite au moment où on tourne et la plupart du temps, c'est vrai qu'on n'a pas de partenaire de jeu. Donc c'est plus compliqué parce qu'on n'a pas forcément de retour à l'image et au son.
Moi, je pense que si quelqu'un veut donner sa chance à la VF, parce qu'il n'y croit pas, c'est d'essayer le plus possible d'oublier la VO et de ne pas comparer. Parce que ce n'est pas comparable. C'est-à-dire que tu vas garder l'intention de jeu, tu vas garder l'émotion et tu n'auras jamais la même intensité, la même façon de faire, les mêmes appuis puisque la langue est trop différente, tout comme la culture. On n'a pas la même façon de faire. Et encore une fois, et on l'a beaucoup dit et je continuerai de le dire, si on devait jouer exactement comme jouent les Japonais, ce serait mauvais. Ce serait mauvais, parce que ça ne rentre pas dans les codes français. Et ça, en français, ça ressemblerait à quelqu'un qui joue faux. On est obligé de le faire différemment. Je pense qu'il faut essayer d'oublier le plus possible ce qui a été fait en essayant de ne pas comparer et de passer peut-être plus d'un épisode. Parce que forcément le choc de passer de la VO à la VF va être trop fort au début et d'essayer de s'accrocher deux, trois épisodes pour voir si on peut aimer et si on peut apprécier une autre façon de faire.
A une époque, en France aussi il était possible de voir plusieurs comédiens à la barre ensemble. Le métier a connu quelques évolutions ces dernières années...
Ça fait longtemps que c'est différent déjà. Ça n'a pas changé en quelques années. Je sais que beaucoup de gens parlent du Covid, ce qui est pour moi aussi une excuse. Parce qu'avant le Covid, on ne se retrouvait déjà pas toujours à la barre. C'est sûr que ça n'a pas arrangé les choses, mais c'était déjà un état de fait avant. Mais ça s'est fait avec les années et ça remonte à même avant moi. Alors attention, ça ne veut pas dire qu'on ne le fait plus, on le fait encore, mais si on ne parle que d'anime, c'est vrai que pour les anime, c'est devenu assez rare, en tout cas de mon expérience avec tous les anime que j'ai faits, c'est devenu assez rare de se retrouver avec d'autres comédiens.
Et je sais que ça peut être surtout une question de temps. De temps de production, de temps d'enregistrement, quand on doit délivrer les épisodes. Mais aussi une question d'emplois du temps des comédiens pour essayer de les mettre ensemble. Et après, ça va dépendre aussi des directeurs artistiques, des gens qui dirigent. Il y a certains DA qui tiennent absolument à avoir des comédiens ensemble. Surtout si tu as deux personnages qui se donnent beaucoup la réplique, d'essayer au moins d'avoir les deux ensemble pour avoir cette synergie. Mais ça a été une évolution un peu plus lente que ce que tu penses, et qui s'est faite aussi avant, bien avant. Vraiment, le Covid, encore une fois, ne l'a pas arrangé, mais c'était déjà le cas il y a 15 ans. Pour le coup, L'attaque des Titans ça fait 11 ans, je crois, et j'étais déjà tout seul à le faire, à la barre. Je n'ai jamais enregistré avec un autre partenaire. J'ai toujours fait mon rôle en solo à la barre. Et ça a toujours été le cas pour Isuku aussi.
© Purebreak
Avec le simuldub, j'ai pu tout donner en me disant 'Si je me suis un peu abîmé la voix en criant, ce n'est pas grave'
Mais ce n'est pas frustrant de ne pas avoir ces échanges avec les autres comédiens ?
Si, si. Le côté pratique, c'est qu'on va être seul à se tromper, donc on gagne du temps dans ce sens-là. On n'a pas à gérer une autre personne dans le jeu, on n'a qu'à se gérer soi-même, donc ça va être plus simple. Mais effectivement, c'est excessivement frustrant, parce que tu ne peux pas donner la réplique, et quand tu te donnes la réplique, il y a une émulation entre les comédiens. Si la personne avec qui tu es est douée, tu as envie de faire aussi bien, voire mieux. Et puis tu peux te répondre directement. Alors si en plus tu as un bon feeling, que ça se passe bien, c'est encore mieux.
C'est extrêmement frustrant, et c'est quelque chose que tu ne retrouves que dans le doublage. À moins qu'il y ait une question d'effets spéciaux dans des films, où tu parles à un personnage qui n'existe pas, tu peux toujours donner la réplique à quelqu'un dans un film ou au théâtre. Et c'est vrai que ça aide beaucoup. Mais bon, c'est un peu la réalité du métier, on est tous habitués à cette situation-là, et on fait avec.
Et là, pour My Hero Academia, il y a une autre évolution. Au début de la série, vous tourniez les épisodes en bloc. Maintenant, avec le simuldub, vous venez pour enregistrer un épisode par semaine. Ça change quelque chose dans votre approche, pour jouer et avoir la bonne performance ? Au final, vous devez constamment vous remettre dans l'émotion, sans pouvoir enchaîner.
C'est une bonne question. Effectivement le fait d'enchaîner, pas tous les épisodes, parce qu'on ne faisait pas 26-23 épisodes en une session, mais quand tu enchaînes les épisodes, il y a ce truc où tu rentres un peu plus dans le personnage, et dans la situation. Tu as l'évolution qui se fait, t'es dedans beaucoup plus longtemps. Donc tu peux t'améliorer au fil de la séance, avoir une meilleure compréhension du jeu, et puis reprendre des trucs que tu as fait un peu plus tôt. Là, c'est vrai que c'est toutes les semaines. Et sur une semaine, il peut se passer plein de choses, t'as d'autres projets. C'est pas que tu oublies, mais tu peux te retrouver à la barre et dire 'Bon alors en fait, c'était quoi la semaine dernière ? Je ne suis plus dans l'intention.'
Ce doit être d'autant plus difficile quand, comme dans My Hero Academia, une séquence s'étend sur plusieurs épisodes.
C'est ça. Là, pour spoiler le moins possible, il y a bagarre. Donc les bagarres, on le sait dans les anime, et dans My Hero Academia, ne dure pas un épisode. Donc quand tu t'arrêtes en pleine bagarre et que tu dois reprendre, en plein milieu de cette bagarre, et te remettre dans l'état d'esprit ou dans l'énergie, c'est moins évident. Mais en même temps, ce qui n'est pas plus mal, c'est que ça nous laisse aussi respirer. Comme on a une semaine entre les deux séances et qu'on n'enchaîne pas, on peut respirer. Que ce soit au niveau de l'esprit, du jeu, et puis on peut se remobiliser, parce qu'on a un instant très court où on doit tout donner, plutôt que d'avoir une séance de 3, 4, 5 heures où tu dois donner la même énergie à chaque fois. Et forcément, au bout d'un certain temps, tu fatigues. Tu peux être moins concentré, ça peut être fatiguant, que ce soit émotionnellement, psychologiquement, physiquement.
Là, par exemple, j'ai eu une séance fatigante en termes d'énergie. C'était sportif et très fatigant. Si j'avais dû faire d'autres épisodes derrière, ça aurait été très dur. Donc là, ça m'aide, qu'il n'y ait qu'un seul épisode. J'ai pu tout donner en me disant 'Je suis tranquille derrière, je n'ai pas à ré-enchaîner, je n'ai pas d'autres enregistrements. Donc si je me suis un peu abîmé la voix en criant, ce n'est pas grave.' C'est un aspect pratique aussi. Il y a du bon et du mauvais des deux côtés.
© K. Horikoshi / Shueisha, My Hero Academia Project
Le doublage permet de jouer des rôles qu'on ne jouerait potentiellement jamais
J'imagine que ça doit être nettement plus frustrant pour les comédiens de personnages secondaires, qui n'ont peut-être qu'une seule phrase dans l'épisode...
D'un point de vue purement logistique, ça arrive, et ça m'est arrivé en tant qu'Isuku de venir pour cinq minutes de travail. Et c'est frustrant. C'est frustrant pour le trajet que tu vas avoir à faire, aller et retour. C'est frustrant parce que tu arrives pour bosser, tu es motivé, et le temps d'arriver à la barre, tu es déjà en train de repartir. Il y a un aspect frustrant. Quelque part, je préfère avoir plus d'épisodes, plus de matière à travailler. Mais en même temps, surtout pour des épisodes très fatigants, c'est pas mal d'avoir un peu de pause et de pouvoir revenir dessus plus tard. Mais quand tu coupes en plein milieu d'une séquence qui est longue de plusieurs épisodes, c'est un peu dommage.
Bon, on parle beaucoup de l'aspect négatif du métier, mais en réalité, où se situe vraiment le plaisir que l'on retire du doublage ? De faire la voix d'un personnage ?
Le premier truc, ce serait de jouer. Jouer la comédie, tout simplement. Ça reste un métier de comédien. Le doublage, plus que d'autres spécialisations, offre la possibilité de jouer des rôles qu'on ne jouerait potentiellement jamais si on était au théâtre ou à la télé ou au cinéma. J'aurais évidemment du mal à jouer un gamin comme Izuku. Quand il a commencé, il avait quoi, 13 ans peut-être ? Ça ne passerait pas physiquement. Là, je peux me le permettre parce que ma voix peut me le permettre. Ce qui est bien, c'est que comme on joue avec notre voix et qu'on fait tout passer par notre voix, le physique est oublié. Ce qui nous permet de faire des choses qu'on ne pourrait pas faire à cause de notre physique. Donc ça, c'est très stimulant aussi de se dire qu'on peut faire des rôles très différents.
Et on va être amené peut-être en une semaine à faire 3, 4, 5 rôles excessivement différents. À jouer un méchant, à jouer un gentil, à jouer des situations très différentes. Ça, c'est très plaisant. Et l'aspect technique, de se dire qu'on a sur l'instant même l'obligation de se retrouver dans la situation et de jouer l'émotion juste. Évidemment qu'on peut se reprendre, on peut refaire la scène deux ou trois fois. Mais contrairement au théâtre, où l'on va bosser en amont, on va travailler, on va faire des répétitions, on va se donner la réplique et puis on va partir sur une pièce qui va durer 2h ce qui permet de construire son personnage, là tu te dis, 'OK, au moment où ça enregistre, je dois être tout de suite dedans.' C'est vraiment l'instantanéité. C'est qu'avant, je peux faire une blague et au moment où je suis au micro, je dois pleurer.
En tant que comédien, c'est hyper challengeant. C'est un défi parce que c'est pas toujours évident, t'es pas toujours dans l'ambiance. Tu peux arriver en étant mal luné, mais tu dois jouer quelqu'un de très gentil et très souriant. Donc tu te dis, 'OK, je suis pas dedans, ça va être compliqué. OK, on oublie et dès que ça roule, j'y vais, je me mets dedans'. Et ça, c'est hyper stimulant.
© K. Horikoshi / Shueisha, My Hero Academia Project
Se faire spoiler à cause du doublage ? C'est vrai que ça fait chi*r
On parlait tout à l'heure de convaincre quelqu'un de donner une chance à la VF, mais on remarque finalement que depuis 10-15 ans, les comédiens de doublage sont de plus en plus populaires. Est-ce que ça a changé votre approche du métier ?
Ça change forcément d'une certaine manière. Comme tu dis, on est plus populaires et plus mis en avant. Ça fait bien une bonne dizaine d'années qu'on est vraiment très mis en avant. Notamment grâce aux conventions. On est très invités. Forcément, ça change les choses. Avant, je jouais en studio, je faisais mon métier et je reprenais ma vie. Là, mon métier transpire encore plus dans ma vie. Je vais être invité et je vais rencontrer des gens qui vont me parler des rôles que j'ai faits, qui vont me faire des compliments, qui vont me dire des choses très intéressantes. En fait, ce qui se passe en studio déborde dans le personnel d'une certaine manière.
D'un point de vue uniquement perso, ça change beaucoup de choses. Par rapport au métier, c'est vrai que, toujours en parlant d'anime, je sais que mes rôles, en tout cas celui d'Isuku en ce moment, sont très appréciés. Ce sont des anime populaires qui sont regardés. Donc, même si par rapport à ta première question, je disais que je ne fais pas attention à ce que les gens ont aimé ou pas, tu sais, quoi qu'il arrive, que c'est regardé. Tu sais que ce que tu fais est apprécié ou non. Et ça change ton point de vue sur le métier. Puisque tu ne fais plus quelque chose dans l'ombre. Tu ne fais plus quelque chose qui est certes regardé, mais qui est très dissocié de toi où tu n'est qu'une voix sur une image. Maintenant, tu es la voix d'untel, on peut te reconnaître, entre guillemets, par rapport aux affiches qu'on peut avoir dans les conventions, peut-être sur une interview et on va te contacter sur les réseaux sociaux. Ça ne se faisait pas avant.
On est devenus des personnages un peu plus publics. Ce qui fait que le point de vue que j'ai sur le métier est différent. Ma façon d'aborder le métier d'un point de vue technique est le même, mais d'un point de vue personnel, c'est forcément différent. Je sais que je fais quelque chose de populaire et d'aimé au point où des gens ont envie de faire du doublage justement parce qu'ils nous regardent, parce qu'ils aiment notre travail. On nous demande en convention : 'Comment faire du doublage ? Qu'est-ce qu'on peut faire ? Qu'est-ce qu'on doit faire ?' Ça inspire les gens à vouloir faire ce métier, donc c'est très cool. Ce n'est presque plus un métier de l'ombre.
Est-ce qu'on arrive encore à apprécier les films, séries ou anime quand on fait du doublage et que l'on est confronté à tous les spoilers possibles ?
Moi, j'ai la chance de n'avoir jamais eu de rôle dans un programme que je voulais déjà regarder ou que je suivais. Parce que je ne regarde pas d'anime à la base. J'ai doublé dans des jeux auxquels je n'avais pas forcément prévu de jouer, dans des films et des séries dont je n'avais pas entendus parler. Donc de ce côté-là, je suis plutôt bien. Pour ceux qui sont dans cette situation, c'est vrai que ça fait chi*r. Oui. Imagine, tu regardes une série que tu adores, ça fait déjà trois ou quatre saisons que tu es dessus. Et d'un coup, tu arrives sur la cinquième saison et tu te spoiles potentiellement un gros truc si tu incarnes un personnage important. Ça fait chi*r. Mais en même temps, je pense que c'est compensé par le plaisir de dire que tu as été dessus. Que tu as pu participer à ça. On finit par s'y habituer.
Pour beaucoup de comédiens, le plaisir prend le pas sur la déception. J'ajouterais que parfois, le simple fait de ne voir que les passages sur lesquels se trouve ton personnage, fait que tu n'as pas une compréhension globale. Je suis en train de regarder L'Attaque des Titans, parce que ma copine m'a dit 'T'es le rôle principal, c'est quand même hors de question que tu ne l'aies pas vu'. Donc on est à la saison 3. Et même si j'ai vu beaucoup de choses en l'enregistrant, ça remonte à plusieurs années. Parce qu'on a fait 4 saisons en l'espace de 10 ans. Ce qui est fou. Il y a plein d'éléments que je n'ai pas, que je ne comprends pas, que je n'ai pas dans leur ensemble. Donc à chaque fois que je me dis 'Ah, en fait, c'est ça !', ma copine me regarde et me fait 'Hum, en fait, ce n'est pas ça du tout.' Le fait d'avoir une petite pièce du puzzle fait que tu n'as pas l'image dans son ensemble. Donc j'arrive encore à découvrir ou à redécouvrir des choses. Même si je sais comment ça se termine, malheureusement. Mais ouais, je pense que c'est quelque chose auquel tu t'habitues et qui n'est finalement pas si gênant.
Et du coup, là, tu regardes en VF ou en VO ?
En VF. Déjà, ma copine regarde tout en VF. Et aussi parce que pour moi, ça me permet, d'un point de vue personnel et professionnel, d'avoir un certain regard sur mon travail. Avec du recul surtout. Puisque ça remonte à il y a très longtemps. C'est important d'avoir du recul par rapport au studio. Parce qu'en studio, évidemment, on se réécoute, on regarde les prises pour voir si elles sont bonnes, et on peut les refaire. Mais on est à chaud, on est dedans. Là, je ne suis plus dans le contexte du travail. Il peut se passer des mois, des années. Ce qui me permet d'avoir un regard plus critique, que ce soit positif ou non, mais un regard plus critique, à froid, sur ce que j'ai fait.
Donc parfois, je vais me dire, 'C'est à chier, j'aurais pu faire mieux.' Parfois, je vais me dire, 'Eh, c'est bien pas mal en fait'. C'est cool. Maintenant, ça fait des années que j'ai apprivoisé ma voix, que j'ai appris à m'entendre sans en être dégoûté. Ce qui n'est pas toujours facile. Si je dois regarder un truc dans lequel j'ai été, j'aime bien le voir en français pour voir quel a été mon travail et si c'est quelque chose de cohérent.
Propos exclusifs, pas reprendre sans citer Purebreak.
La saison 8 de My Hero Academia est disponible sur Crunchyroll.

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