Le succès du Règne Animal ne s'est pas fait sans rebondissements. Derrière l'écran, une histoire fascinante révèle comment les incendies de l'été 2022 et les choix artistiques de dernière minute ont transformé le film. Une version différente, plus longue de deux minutes, a existé lors de sa présentation à Cannes. Mais elle est désormais enfermée dans les archives du festival.
Mais au fait, ça parle de quoi Le Règne Animal ?
Dans un futur proche où une mystérieuse vague de mutations transforme progressivement certains humains en créatures hybrides, François (Romain Duris) se lance dans un périple désespéré pour retrouver sa femme, disparue après l’une de ces métamorphoses. Accompagné de son fils Émile, qui commence lui-même à montrer des signes d’évolution, il traverse une France bouleversée, où la peur, les tensions et la fascination entourent ces "nouveaux êtres vivants". Entre drame familial et récit d’aventure, Le Règne animal explore la frontière fragile entre l’humanité et l'altérité, tout en dessinant un monde en pleine transformation.
L'été 2022 restera gravé dans la mémoire de l'équipe du Règne Animal. Les violents incendies qui ont ravagé le sud-ouest de la France en juillet ont littéralement dévoré une partie des décors prévus pour le tournage. Thomas Cailley et son équipe se sont retrouvés face à un défi majeur : comment terminer un film dont certains lieux essentiels n'existent plus ?
La solution : prolonger le tournage d'un mois entier. Un délai supplémentaire qui a comprimé toute la chaîne de post-production. Le réalisateur s'est retrouvé dans une course contre la montre pour présenter son œuvre à Cannes. Les équipes ont travaillé jusqu'au dernier moment, terminant le montage le 14 mai pour une projection prévue trois jours plus tard, le 17 mai sur la Croisette.
Cette pression temporelle a pourtant donné naissance à une opportunité inattendue. Le film présenté à Cannes comportait un épilogue que Thomas Cailley considérait presque comme expérimental. Un pari risqué pour un festival aussi prestigieux.
Les privilégiés présents lors des projections cannoises ont donc découvert une version du Règne Animal différente de celle disponible en salles. Ces deux minutes supplémentaires n'étaient pas anodines : elles apportaient des réponses concrètes à des interrogations laissées en suspens dans le récit.
Thomas Cailley a confié à Cinemateaser les coulisses de cette décision radicale : "Notre flux de post-production a été très comprimé et au lieu de terminer le film un mois et demi avant le Festival de Cannes, on l'a terminé le 14 mai pour une projection le 17. J'étais très content du film avec l'épilogue mais pour être honnête, c'était presque un test. J'avais envie de le découvrir en public."
Le verdict est tombé après les premières projections. Malgré sa satisfaction initiale, le réalisateur a ressenti un doute. Ce sentiment l'a poussé à tenter une expérience audacieuse lors des reprises parisiennes : projeter le film sans l'épilogue pour comparer les réactions du public.
Le résultat a été sans appel. "Au final j'ai eu l'impression qu'il était plus intéressant de ne pas répondre à toutes les questions auxquelles l'épilogue répondait. De les garder en suspens", explique Thomas Cailley. Cette décision artistique transforme radicalement l'expérience spectateur, privilégiant le mystère et l'interprétation personnelle plutôt que la résolution narrative.
Le cinéaste a donc fait le choix courageux de supprimer définitivement ces deux minutes pour la sortie en salles. Les spectateurs cannois conservent ainsi le privilège exclusif d'avoir vu la seule version complète du film, celle qui répondait explicitement aux énigmes du récit.
Cette anecdote illustre parfaitement les défis de la création cinématographique moderne, où catastrophes naturelles et choix artistiques de dernière minute peuvent radicalement modifier une œuvre. Le Règne animal porte les cicatrices des incendies de 2022 et les interrogations volontaires de son créateur.
Romain Duris et le reste du casting évoluent donc dans un film dont la fin a été repensée après son passage à Cannes, offrant au public une expérience délibérément ouverte. Une décision qui fait du Règne Animal un objet cinématographique unique, où ce qui n'est pas montré devient aussi important que ce qui l'est.
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