C'est l'heure du changement pour les lycéens. Le Ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, compte bien mener sa réforme du bac jusqu'au bout. Pour ce "nouveau bac", fini les traditionnelles séries L, S et ES du Bac général. Mais ce n'est pas le seul changement : le contrôle continu sera plus important dans la note finale. Des changements qui ne plaisent pas à tout le monde.
Quand vous avez passé le bac, vous avez galéré à réviser vos matières avant les épreuves finales qui se déroulaient à la fin de la terminale ? Cela n'est plus tout a fait le cas pour le nouveau bac qui sera effectif à partir de 2021. Les épreuves finales ne comptent désormais "plus que" pour 60% de la note totale des élèves. Pour compléter celle-ci, on retrouve le bulletin scolaire, qui compte pour 10%, et les E3C (épreuves communes de contrôle continu), qui comptent pour 30%.
La grande nouveauté, c'est donc ces "E3C", sur lesquelles doivent commencer à plancher plus 525 000 élèves de première dès ce lundi 20 janvier. Elles sont organisées sur deux sessions : du 20 janvier au 28 février, les élèves doivent passer des épreuves sur trois matières, à savoir l'histoire-géographie et les deux langues vivantes choisies. S'ajoute à cela l'épreuve de mathématiques pour les élèves de voie technologique.
Lors d'une deuxième session qui se déroulera entre avril et mai, les élèves vont repasser chacune des épreuves (toujours d'histoire-géographie, langues vivantes, maths pour la voie technologique et enseignement scientifique pour la voie générale) ainsi que celle de leur enseignement de spécialité, qui se déroulera en mai. Sans oublier bien sûr, le bac de français le 17 juin, ainsi que les oraux de français entre juin et juillet.
En terminale, les lycéens repasseront des E3C en histoire géographie, langues vivantes, mathématiques (pour la voie technologique) et en enseignement scientifique (pour la voie générale) entre avril et juin. L'EPS sera jugée en continu toute l'année et les élèves passeront quatre épreuves finales : les deux épreuves écrites des enseignements de spécialité (à la fin du mois de mars), une épreuve de philosophie et un "grand oral" de 20 minutes où l'élève présentera un projet préparé en première et terminale. La philo et l'oral auront lieu à la fin du mois de juin.
Ce qui fait débat auprès des enseignants, c'est l'organisation de ces épreuves de contrôle continu. Le calendrier des épreuves est déterminé par chaque lycée et sera donc différent dans chaque établissement. Tous les élèves ne plancheront donc pas sur le même sujet. Chacun sera extrait d'une banque de sujets (choisi en amont par les professeurs) qui fait elle aussi polémique : lors de sa mise en ligne, les enseignants ont dénoncé de nombreuses coquilles et des exercices peu logiques. Des améliorations ont été apportées mais tous n'en sont pas satisfaits.
Enfin, côté correction, il y a aussi du changement : les copies seront désormais numérisées et les professeurs devront les corriger sur leur ordinateur, tablette ou smartphone. Une chose qui rajoute un soucis de plus selon Le Parisien : l'encre pourrait être parfois illisible et les crayons de couleurs, utilisés pour illustrer les cartes de géographie par exemple, pourraient ne pas ressortir sur la version scannée. Enfin, Le Parisien précise que, suite à la correction, un logiciel devra vérifier que les notes correspondent à celles données par les autres correcteurs. Une commission vérifiera ensuite que les notes sont bien harmonisées et pourra les remonter en cas de nécessité.
Alors que les premières épreuves doivent débuter ce lundi 20 janvier, plusieurs établissements étaient bloqués ce matin par des professeurs et des élèves. Les syndicats appellent depuis plusieurs semaines à des actions pour bloquer ces E3C. La semaine dernière, des enseignants ont refusé de faire remonter les sujets choisis à leur direction. Ils dénoncent notamment la mise en place hâtive des épreuves et le fait que les élèves ne soient pas suffisamment préparés et renseignés à ce sujet. Certains lycées ont déjà annulé les épreuves qui devaient se tenir aujourd'hui tandis que des professeurs appellent déjà à la grève de la correction. A Clermont-Ferrand, des épreuves ont déjà été annulées ce samedi.