MUSIQUE
Jain en interview : "Je ne compte pas mettre toutes mes musiques dans des pubs"
Publié le 26 avril 2016 à 16:40
Par Purebreak
Mise en lumière grâce à la publicité Sosh puis sur la scène des Victoires de la Musique, Jain nous donne rendez-vous dans sa loge à quelques heures d'un mini-concert. Souriante, détendue et réservée, la révélation se confie sur son premier album "Zanaka", ses influences, une potentielle carrière internationale et même son futur album. Rencontre.
La chanteuse Jain. La chanteuse Jain.© Paul & Martin
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Propos recueillis par Julien Gonçalves.

© Youtube

Salut Jain, comment ça va ?
Ca va très bien. Ce matin, j'ai pu faire une grasse mat', ce qui ne m'était pas arrivé depuis pas mal de temps. Donc je suis contente ! (Sourire)

Comment tu vis tout ce tourbillon en ce moment ?
Il y a tellement de travail que je ne réalise pas du tout ce qui se passe autour. Mes journées, c'est faire des promos, des showcases, des lives en ce moment, donc je me concentre sur ça. Et j'essaie de bien dormir ! (Rires) La tournée va être longue ! Ca ne fait que commencer...

Ton premier album s'appelle "Zanaka". Qu'est-ce que ça signifie ?
Ca veut dire "enfant" en malgache. Ma mère est franco-malgache donc du coup j'avais envie de lui rendre hommage car c'est quand même grâce à elle que je fais de la musique. Elle écoutait beaucoup de musique quand j'étais petite. Et comme ça veut dire "enfant", pour un premier album... C'est un peu mon album-enfant avant la suite...

"J'ai commencé à faire de nouveaux morceaux"

Et la suite justement, tu l'imagines comment ?
Ce sera toujours éclectique. Je ne me mets pas trop de limites. Là, j'ai commencé à faire de nouveaux morceaux. Il y en a un très disco, il y en a un complètement deep. (Rires) Je ne me mets aucune barrière. J'ai envie d'explorer encore plus de styles.

On le sent, ce premier album a été influencé par de nombreux voyages. Pourquoi tu as autant voyagé si jeune ?
Mon père travaillait dans une compagnie pétrolière donc du coup il était expatrié, et avec ma famille on le suivait de pays en pays...

C'est pas trop compliqué quand on est enfant de tout quitter, ses amis notamment, pour tout recommencer dans un autre pays ? Comment tu as vécu tout ça ?
Si et c'est complètement pour ça que j'ai eu envie d'écrire de la musique. Surtout quand on est ado, et qu'on doit quitter son groupe de potes trois fois de suite... C'est un peu fatigant. Ca m'a donné envie d'écrire pour les retrouver. Mais ce sont toujours mes meilleurs potes. On ne s'est pas lâché depuis !

Donc c'était un mal pour un bien tous ces changements...
Clairement, oui. C'est vrai que sur le moment ça fait mal et puis après, plus tard, on se rend compte que ça forge aussi de vraies amitiés.

Et puis ça donne naissance à un bel album !
(Rires) Oui aussi !

© Youtube

Quels sont les endroits ou les pays qui t'ont le plus marquée ?
Un peu tous. Dans chaque pays, il y a quelque chose de bon à prendre. L'électro je l'ai surtout découvert à Paris. La musique africaine, je l'ai découverte au Congo. La musique orientale, les rythmes ternaires que je ne connaissais pas du tout, c'était à Dubaï et Abu Dhabi.

D'où est venue l'idée de cette pochette avec cette posture indienne ?
C'était ça, et c'était aussi l'idée de jouer avec le nom "Jain". Finalement, ça n'a rien de religieux car je ne suis pas hindouiste... Non, on dit hindoue ! (Rires) J'étais arrivée à un rendez-vous avec ma maison de disques avec une maquette de ce que j'imaginais être la pochette de l'album, que j'avais photoshoppée. Ca montrait moi avec une petite robe noire et blanche, avec des mains au-dessus. L'idée c'était que je faisais tout toute seule sur scène : faire des loops, d'envoyer des samples sur ordinateur... Faire plein de choses à la fois. Et surtout aussi, d'avoir plusieurs styles à la fois. On n'est pas des êtres binaires. Ca laissait place à plus de questionnements...

"Quand j'étais petite, je voulais faire des pochettes d'albums"

Donc quand tu arrives avec cette photo-là, c'est que déjà en composant et en écrivant l'album, tu avais une idée précise de ce que tu voulais visuellement parlant aussi...
Pas encore en fait... Je savais qu'il y aurait des titres très différents les uns des autres, mais c'est vraiment en faisant un brainstorming chez moi sur comment illustrer cet album en image que c'est venu. Donc ça s'est fait dans un deuxième temps, après que l'album soit finalisé.

Justement, on voit aujourd'hui que le style vestimentaire, les couleurs, le visuel, est très important en plus de la musique. Comme avec Stromae, Christine and the Queens... C'était important pour toi ?
Oui pour moi c'est hyper important car ça fait partie de ma propre histoire. Je voulais être graphiste quand j'étais petite, je voulais faire des pochettes d'albums. J'ai fait l'atelier de Sèvres pendant un an. Et c'est là que je me suis rendue compte que, même si j'adorais l'image et le graphisme, je voulais vraiment faire de la musique. J'ai essayé de mélanger les deux autant que je pouvais.

Tu chantes en anglais comme beaucoup d'artistes français, de Christine and the Queens à Marina Kaye. Comment tu analyses cette mode ? Pourquoi avoir chanté en anglais d'ailleurs ?
C'était hyper instinctif. Je ne me suis pas posée la question en fait jusqu'à ce que les gens me la posent en France. Mais comme j'étais à l'étranger, que mes potes ne parlaient pas français, ça m'a paru logique pour que tout le monde comprenne. Et aussi car l'anglais c'est la langue des voyages, et cet album a voyagé. Je trouvais ça cohérent.

As-tu envie de le faire voyager ailleurs maintenant cet album ? Aller tenter ta chance par exemple aux Etats-Unis ?
Héhé ! On a des possibilités. Mais ça se passe tellement bien en France pour l'instant, et j'ai l'impression que je n'ai pas fini non plus... Donc j'essaie vraiment de me concentrer, étape par étape. Et ne pas trop me monter la tête.

La chanteuse Jain © Paul & Martin

Tu me disais que tu as écrit en anglais pour que tes amis les comprennent. Tu testais tes chansons sur eux pour savoir si elles sonnaient bien ?
C'était entre nous... Mais au départ, c'était compliqué car j'étais assez timide, personne ne savait que je chantais. (Rires) Un jour, je leur ai envoyé le lien MySpace ! (Sourire) En leur disant : voilà mes chansons ! Et depuis ils m'ont toujours soutenue, dès les premières maquettes.

Et tu te sens chanter en français un jour ?
Oui ! J'ai déjà écrit des chansons en français. Enfin, une chanson en français. C'est la première dont je suis contente. Assez pour la montrer effectivement. Après je ne pense pas que je ferai tout un album en français, mais quelques chansons par-ci par-là, oui j'aimerais bien.

Véronique Sanson a regretté que de nombreux artistes ne chantent pas en français. Tu la comprends ?
Je pense qu'il faut laisser les artistes libres de faire ce qu'ils ont envie. C'est un choix. Mais après, rien n'empêche de faire les deux. D'essayer d'autres langues même ! Je sais pas... Moi, je préfère me sentir libre, et ne pas me sentir jugée sur ce que je fais.

"J'ai déjà écrit des chansons en français"

Tu t'es dit en sortant ton album que c'était peut-être un peu risqué de proposer un disque pop inspirée par la world music ? Que c'était peut-être pas très accessible au plus grand nombre...
Oui... J'ai eu peur car je ne savais pas qu'il allait avoir cet accueil-là. Moi, le seul moyen que j'ai pour défendre cet album, c'est de l'aimer vraiment. Donc j'ai fait ce que j'avais envie de faire. Je ne me suis pas posé la question de savoir ce qui allait plaire ou pas.

Et puis j'imagine qu'en faisant les chansons, et même en studio, tu entendais qu'elles sonnaient pop et qu'elles étaient assez accrocheuses et qu'elles pouvaient passer en radio...
Alors moi j'ai un test infaillible : si je danse dans ma chambre toute seule en les écoutant, ça peut marcher ! (Rires)

Ton titre "Makeba" est utilisé dans la publicité Sosh. Est-ce que tu as hésité ?
J'avais peur, j'avais très peur ! Mais après on a eu plein de propositions pour cette chanson. Des propositions assez marquées esthétiquement et même commercialement. Et je me disais qu'avec Sosh, c'était pas tellement une marque "marquée", on ne pensait pas tout de suite à un téléphone par exemple... Donc c'est ça qui m'a plu. Mais c'était aussi pour faire connaître ma chanson, et ça a plutôt bien marché.

On t'a proposé quoi d'autres comme publicités pour cette chanson ?
(Gênée) Plein de trucs. (Rires)

Tu ne préfères pas en parler ?
Non, pas trop. (Rires)

© Youtube

Tu n'as pas eu peur que l'utilisation dans la pub tue un peu l'effet et que ton titre soit trop associé à la pub, ou qu'il devienne "la chanson de Sosh" ?
Clairement, si. Ça fait très peur. C'est un vrai risque qu'on prend aussi. Moi, je ne compte pas du tout mettre mes musiques dans des pubs à chaque fois, mais je trouvais ça bien pour un début. Ca m'a quand même vachement aidée. Et puis après à un certain niveau, c'est plus trop utile et au contraire ça peut desservir. Mais quand c'est le premier album, quand les gens connaissent pas, c'est pas mal...

Lilly Wood and the Prick a gagné près d'un million d'euros pour l'utilisation de "Prayer in C" dans la pub Carrefour...
(Choquée) Sérieux ?! (Rires) Moi pas du tout ! Même pas un cinquième de ça... C'est énorme ! Je me suis faite avoir ! (Rires) Je ne suis pas très bonne en affaires...

"Je savais que Louane allait gagner"

Passons à un autre sujet alors ! Même si tu n'as pas gagné, tu as été l'une des révélations des Victoires de la musique . C'était forcément une soirée très importante pour toi...
J'étais contre Louane et Jeanne Added, donc je savais déjà que j'avais rien à perdre... Au contraire, c'était l'occasion de prouver quelque chose aux gens que je ne connais pas. J'ai essayé de m'éclater le plus possible. Je n'ai pas tout le temps l'occasion de faire une telle mise en scène, avec des musiciens, des danseurs... On en a vraiment profité. C'était super ! J'étais vraiment honorée, j'ai rencontré plein d'artistes que j'adore en plus.

Il y a un moment particulier qui t'a marquée ou une rencontre particulière que tu as faite ce soir-là ?
Oui... C'était en sortant de scène après avoir chanté. On était sur deux grosses caisses roulantes, avec les choristes, et j'étais hyper énervée, je sais pas pourquoi. Enfin, pas énervée mais pleine d'énergie, de niaque. On est toutes sorties de scène, on a toutes hurlé, on était folles. C'était un bon moment. On ne revenait pas de ce qui était arrivé. Il s'est passé quelque chose ce soir-là. Même sur scène, entre nous tous.

Tu t'étais préparée à ne pas gagner face à Louane ?
Pour moi, c'était assez clair que c'était Louane qui allait gagner. Mais j'étais hyper honorée. Mon album était sorti un mois avant la fermeture des votes. J'étais trop contente.

Ta prestation aux Victoires a eu un impact sur les ventes de ton album. Tu as suivi un peu tout ça ?
J'étais tellement en euphorie d'avoir chanté au Zénith... Donc c'est surtout ma maison de disques... Ils sont venus me voir avec leur téléphone en montrant que j'étais top 1. Mais moi j'étais déjà très contente, il y avait ma famille qui était là... C'était un moment familial pour moi, plus personnel.

Donc les ventes ça ne t'intéresse pas trop ?
J'essaie de ne pas trop m'y intéresser. De temps en temps je regarde mais j'essaie de me tenir à l'écart, pour ne pas me faire peur. (Rires) J'ai peur que ça devienne un automatisme et je ne fais pas de la musique pour ça non plus quoi... J'ai envie de continuer à faire des chansons sans penser "Est-ce que ça va être un top je ne sais combien ?".

© Youtube

Tu as souvent repris "Say my Name" des Destiny's Child. La musique pop des années 90/2000 c'est quelque chose qui t'inspire ?
Ça fait partie de moi. Je suis née en 1992, j'ai grandi avec les Destiny's Child et surtout j'adore cette musique. Ça me manque un peu les girls band comme ça, je trouvais ça cool. (Rires)

Justement, quand on écoute ton album, on ne se dit pas que tu écoutes du Destiny's Child ! Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Au quotidien, j'écoute vraiment de tout. Du Kendrick Lamar, du Beyoncé ou Johnny Hooker, Manu Chao... De tout !

Dernière question... Est-ce que c'est vrai que quand Johnny Hallyday a eu ton disque entre les mains il a dit "Mais pourquoi elle s'appelle Jin ?" ?
Oui, il paraît ! C'est ce que Maxim (Nucci, ndlr) m'a raconté ça une fois. Bon lui il fait vraiment bien l'imitation de Johnny (Rires) Mais apparemment oui ! Johnny, je ne l'ai pas encore rencontré. Il était très entouré aux Victoires (Rires) Peut-être qu'il m'appellera Jin, ce serait drôle !

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